Réaliser un musée Louis de Funès est un véritable défi : comment rendre hommage à cet artiste qui a fait rire la France entière pendant plus de trente ans ? Comment restituer l’atmosphère de ses films, si empreints d’une époque aujourd’hui révolue. Comment ne pas tomber dans une nostalgie sirupeuse, un hommage larmoyant, un condensé de vie sans charme ? Et surtout, comment rendre hommage à l’un de nos plus grands artistes de cinéma ?

Inventeur d’un style, acteur génial bien sûr, on sait peu de choses sur lui. Il a toujours préféré le travail à la parole. Peu d’interviews, l’homme était discret. Reste l’immense acteur qui, par ses films, a bouleversé le cinéma français.

Plonger dans sa vie, dans son œuvre, c’est découvrir l’immense travailleur, un esthète du rire qui a passé sa vie à peaufiner son jeu, à imaginer la suite de ses aventures filmiques.

Un angoissé qui avait peur de mal faire et qui, passionné d’écologie et de jardinage, passait son temps à bêcher son jardin en inventant ses futurs rôles. Ce château, où sa femme a passé son enfance et qu’il a eu la joie de racheter dans les années soixante, fut son lieu de repli, de vie où, dès le matin à l’aube, il retrouvait ses roses, ses arbres et prenait soin du vivant avec une infinie délicatesse.

Amoureux des siens, il veillait sur son monde et distribuait ses légumes et ses fruits aux habitants du village. Louis de Funès était un seigneur discret.

Il y a quelques années, dans le cellier du château, Roselyne et Charles Duringer ont décidé d’ouvrir un lieu en sa mémoire. Grâce à la très grande générosité de la famille, Olivier et Patrick de Funès, ses fils, ils ont réuni des documents rares, exceptionnels, des photos de famille, de films, de ses pièces de théâtre mais aussi ses fameux carnets de note, sa correspondance, une grande quantité d’affiches de films. Le lieu a fermé ses portes après la vente du château mais la collection est restée intacte, à attendre chez Olivier de Funès un nouvel écrin.

Quand nous avons proposé à la famille de mettre l’ensemble de ces pièces dans un musée original entièrement consacré à l’acteur, elle a tout de suite dit oui. Avec passion et conviction, nous nous sommes lancé le défi d’ouvrir un musée à l’été, le 31 juillet, date de l’anniversaire de l’acteur.

En six mois, l’impossible a été relevé. Un musée, un vrai, est sorti de terre : avec non seulement un contenu scientifique mais aussi un parcours muséographique composés d’extraits de ses films, de documents rares issus de l’INA, de collections exceptionnelles de Gaumont, de musique bien sûr et de photographies, venues compléter l’ensemble.

Avec mon équipe le scénographe Christian Marti, assisté de Perrine Villemur, Isabelle Lainé et Méliné Keloglanian à la production, Matthias Abhervé et Inès Saint Cerin à l’audiovisuel, Alexis Coussement à la lumière, pour ne citer que les chefs de file de cette impressionnante fourmilière, nous avons travaillé d’arrache-pied pour bâtir ce lieu original. Une histoire s’est tissée, des décors sont nés, des atmosphères ont été inventées pour que chaque espace soit unique et que l’ensemble devienne un rêve de cinéma et une joyeuse promenade dans la vie et l’œuvre d’un des plus grands comédiens du 20e siècle.

Nous rêvions de faire de ce musée un des lieux emblématiques de la culture populaire en s’adressant à tout le monde comme on s’adresserait à chacun d’entre nous. Nous espérons que vous prendrez beaucoup de plaisir à le visiter.

Clémentine Deroudille, COMMISSAIRE

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